L’Institut de Recherche et Documentation en Économie de la Santé (Irdes) analyse en podcast l’impact de la réforme du 100% Santé pour les usagers d’aides auditives et la situation de la France par rapport à d’autres pays européens suite à son étude du mois dernier sur le financement et l’accès aux aides auditives dans 4 pays européens: la France, la Belgique, l’Angleterre et la Suède.
En France et en Belgique, l’achat est principalement privé tandis qu’en Suède et en Angleterre le secteur public centralise l’achat via un système d’appel d’offres offrant des dispositifs gratuits ou quasi gratuits aux usagers.
En France, la réforme du 100 % santé en audiologie permet aujourd’hui un large choix de prothèses auditives accessibles sans reste à charge grâce à un financement combiné de l’assurance publique et complémentaire ainsi qu’à un prix limite de vente.
Comme l’expliquent Sylvain Pichetti, Alice d’Estève de Pradel et Maude Espagnacq, cette étude a été menée dans un contexte où « entre 10 % et 15 % des Européens déclarent des déficiences auditives mais le taux d’équipement varie considérablement » selon les pays. Ils soulignent que cette variation peut être liée aux « difficultés financières d’accès aux appareils auditifs » et à la diversité des modes de distribution et de financement.
En Suède, l’ensemble des gammes est disponible dans le système public avec des restes à charge nuls ou très faibles mais cette solvabilisation entraîne une offre restreinte et des délais d’attente. En Angleterre, le National Health Service (NHS) propose un accès gratuit à une offre limitée à un coût relativement bas pour le NHS sans prise en charge publique complémentaire sur le marché privé. En Belgique, l’accès aux aides auditives est similaire à celui de la France mais repose uniquement sur l’assurance publique. Ce système, sans régulation des prix et avec une prise en charge élevée, semble entraîner une inflation des prix de vente occasionnant des restes à charge plus importants que ceux observés en France.
Les auteurs de l’étude précisent que la France se distingue en raison de la réforme 100 % santé qui a permis un « panier d’aides auditives plus diversifié » et sans reste à charge pour les assurés disposant d’une complémentaire santé. Cela a entraîné une augmentation du taux d’équipement. Cependant ils soulignent aussi les défis à venir : « éviter que la « gratuité » pour l’usager n’entraîne des pratiques commerciales coûteuses pour la collectivité », et « gérer le panier de soins des aides accessibles sans reste à charge pour intégrer le progrès technique », tout en veillant à ce que les primes d’assurance complémentaire des personnes âgées restent accessibles!
EN SAVOIR + : Le podcast de l’IRDES « Aides auditives et 100 % santé : les enjeux d’une réforme très française sur les aides auditives »