Doctolib, leader dans la prise de rendez-vous médicaux en ligne, a annoncé en novembre le lancement en 2025 d’un service de stockage numérique de données de santé, un copier/coller de « Mon Espace Santé », le service public du Ministère de la Santé et de l’Assurance-maladie.
« Il leur suffira d’un clic pour les partager avec leurs soignants, pareil avec celles de leurs proches » a déclaré Stanislas Niox-Chateau dans un entretien à Ouest France à propos des données de santé des patients. L’annonce par le président de Doctolib de cette nouvelle fonctionnalité, un onglet « santé » ajouté à son appli, a fait l’effet d’une bombe.
Pour les associations de santé regroupées par France Assos Santé, « un carnet de santé numérique privé vient concurrencer Mon espace santé, résultat d’années de travail collectif avec les patients, les professionnels de santé et les éditeurs de logiciels« . Elles s’interrogent : « Comment garantir la protection des données et préserver le droit de chaque citoyen à une gestion transparente de ses données sensibles, dans des circuits parallèles?«
Les associations de patients rappellent « leur attachement à un carnet de santé numérique unique, pensé et conçu comme un authentique service public, préservé des appétits financiers ».
Doctolib affirme respecter les normes de sécurité mais suscite des interrogations en matière de confidentialité, de concentration des données et de leur utilisation pour proposer des actions de prévention. Si le patron de Doctolib a dénoncé depuis une « campagne de dénigrement nominative et mensongère » orchestrée selon lui par la Délégation Numérique en Santé, les velléités de l’application de lancer un second carnet de santé numérique font l’unanimité contre elle.
Les associations de consommateurs se sont associées à la tribune des associations de patients et des syndicats de salariés ont aussi vivement réagi au projet de Doctolib.
L’Assurance maladie est même montée au créneau: elle craint que Doctolib et ses 70 millions d’utilisateurs fasse de l’ombre au carnet de santé numérique développé par l’État, « Mon espace santé » revendiquant aujourd’hui 15 millions d’utilisateurs. « Le lieu de référence de l’hébergement des données de santé, c’est le service public, avec “Mon espace santé”, c’est un choix du législateur, et il y a une vraie ambiguïté à en proposer un autre » a déclaré au Monde Thomas Fatome, le Directeur général de l’Assurance-maladie.
EN SAVOIR + : La tribune de France Assos Santé du 5 décembre 2024